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Troisième volet : Interview Sosélito SEKEME - Athlète Handisport – Lancer de poids
C’est au stade d’athlétisme de Metz que j’ai rendez-vous avec Sékémé. L’entraînement est prévu à 16h30, j’arrive vers 16h45 et seul deux lanceurs messins débutent l’entraînement mais aucune trace de Sékémé. Finalement, c’est dans une ambiance plutôt familiale que je le vois arriver quelques minutes plus tard, dans son imposante voiture, style 4x4. Trois de ses enfants sont venus aujourd’hui avec lui. Et oui ! Ce n’est pas toujours évident de concilier vie privée et carrière sportive. Mais comme à son habitude, Sékémé serein et détendu me salue, s’excuse petit contre temps et l’interview peut débuter !
Bonjour SEKEME, vous ferez partie de la délégation française qui participera aux Jeux Olympiques Handisports du 29 août au 9 septembre prochain à Londres, c’est votre 1ère sélection aux J.O., comment avez-vous vécu cette réussite ?
Et
bien… les JO sont pour moi un rêve de gamin. Je suis un sportif dans l’âme et
ce qui compte le plus pour moi c’est le sport et la famille. Depuis ma plus
tendre enfance, j’adore le sport et j’en pratique. Tu sais chez moi en nouvelle
Calédonie, tous les enfants commencent par de la boxe, en tous cas dans ma
famille. Il faut être fort pour affronter la vie et j’ai l’impression que c’est
ce que j’ai appris en 1er du sport. Je suis venu un peu plus tard à
l’athlétisme. J’ai toujours regardé à la télévision les J.O. Pour un gosse,
c’est quelque chose d’extraordinaire. Et puis un jour, je me suis dit que j’y
participerai. C’était la seule compétition qui manquait à mon palmarès et
aujourd’hui j’y suis ! Je t’avouerais que j’ai versé une petite larme
quand j’ai su que ça y est j’étais qualifié, car ces minima sont balaises, faut
être solide comme le fer pour les décrocher.
Vous êtes lanceur de poids, mais il existe différentes catégories en fonction de l’handicap (jambes-bras etc…) et cette année marque un tournant car les handicapés mentaux accèderont également à ce rendez-vous planétaire. Dans quelle catégorie êtes vous classé ?
Je suis classé dans la catégorie F46, c'est-à-dire membre supérieur puisque j’ai un handicap à la main droite dû à un coup de fusil quand j’étais jeune. Pour déterminer dans quelle catégorie tu vas être, il faut qu’à chaque compétition, tu fasses des testes pour que ton handicap soit, si je puis dire « homologué » par l’IPC, le Comité International Paralympique. Ils sont effectués en général un ou deux jours avant la compétition.
Vous êtes au top niveau mondial depuis plusieurs années déjà, est ce plus difficile pour un athlète handisport de conserver ce niveau que pour un athlète valide ?
C’est vraiment différent car en valide, il y a seulement 3 places médaille d’or, d’argent et de bronze, alors qu’en Handisport il y a plus de catégories. Mais ça ne veut pas dire pour autant que c’est plus facile.
En ce qui me concerne, ce qui a été très difficile au départ ça a été de tout réapprendre de la main gauche. Je suis droitier de naissance, c’est un accident à l’âge de 9 ans qui m’a rendu handicapé. C’est difficile à comprendre pour des personnes qui ne sont pas dans cette situation, mais un athlète handisport doit tous les jours s’adapter à son handicap. Je te donne un exemple, la semaine dernière je soulevais des barres en squat et du fait que j’ai un bras plus court que l’autre (15 centimètres), beaucoup de déséquilibres s’installent ou risquent de s’installer si on ne gère pas ce problème. En 2010, j’ai eu beaucoup de blessures à cause de ça aux cervicales, aux lombaires etc… l’équilibre musculaire est très fragile et c’est un travail de longue haleine que d’arriver à gérer l’ensemble. Ensuite, tu as des moments difficiles dans ta vie privée qui font que tu as envie de tout plaquer. J’ai arrêté l’athlétisme durant 4 ans après le décès de mon père et puis je suis arrivé ici en France le 14 juin 2008 et j’ai repris l’entraînement.
Pourquoi la France ?
Ma femme est originaire de Moselle. C’est grâce à eux (regard attendri vers ses enfants) et ma femme que j’ai repris de plus belle. Cette sélection est d’autant plus forte pour moi, puisque j’ai recommencé à zéro : un nouveau club, un nouvel entraîneur, un nouveau job. J’ai repris doucement les entraînements grâce au club handisport d’Amnéville-les-thermes qui m’a accueilli les bras ouverts. C’est ensuite grâce à la DDCS et Thierry Lecerf, à la Mairie de Fameck que j’ai trouvé un job qui me permet d’aménager mes horaires. Grâce eux et à mon entraîneur Loïc (Loïc Archivolti), grâce à Raphaël Piolanti et à la Fédération Handisport, au département de la Moselle, le club d’A2M et Moselle académie que j’ai pu arriver à un tel niveau et je leur suis entièrement reconnaissant. Il ne faut pas croire, il est impossible pour un athlète de haut niveau d’évoluer seul. Cette grande structure qui me soutient m’a permis d’accéder à mon rêve d’enfant. 2012 est une très belle année pour moi. J’ai 35 ans et je suis très fier de participer aux JO. Je signe jusqu’en 2016, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer dans la vie. Alors cette année il faut se donner à fond.
Comment abordez-vous cette sélection ?
Maintenant que je suis qualifié, je donnerai le tout pour le tout, je n’y vais pas pour faire de la figuration.
Dans votre carrière d’athlète, vous avez déjà participé à de très grands évènements, comme les Championnats du monde l’année dernière en janvier 2011(4ème), et plusieurs fois les championnats d’Europe en 2005 (argent), 2003 (or) et 2001 (argent), qu’est ce qui est le plus difficile dans ces grandes compétitions ?
Pour moi, ce n’est pas le fait d’y aller qui est difficile à gérer. Grâce à l’expérience du haut de mes 35 ans, je suis plutôt serein. Le jour J, je fais ce que j’ai à faire, la compétition ce n’est que du plaisir, c’est sur le plateau que je m’exprime le mieux !
Ce qui est difficile, c’est tout le travail de préparation en amont, les hauts et les bas rencontrés, les problèmes financiers, le mental, le kiné, toutes ces années de préparation et le quotidien, c’est tout un ensemble ! Et puis de toute façon, on ne peut jamais savoir, tu vois bien Usain Bolt, on le voyait déjà champion du Monde sur 100m et il fait un faut départ… qui l’eût cru. Tout se joue sur le plateau le jour J.
Vous rêvez déjà d’une place ?
NON, je ne rêve pas d’une place, j’y vais et je serai sur le podium.
Qu’est ce que vous pensez d’Oscar Pistorius (seul athlète handisport a participer aux JO valide sur 400m et 4x400m) ?
(Long silence… qui inspire le respect) C’est un phénomène, quelqu’un d’extraordinaire. Je me dis tout le temps qu’il faut aller de l’avant, ne rien lâcher, mais lui c’est un athlète handisport qui a été amputé des deux jambes. Il court avec deux lames, c’est incroyable. Tu as vu ses résultats, il est qualifié au 400m masculin et au 4x400m !!! C’est pour ça que je dis toujours, il faut aller de l’avant !
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vendredi 22 novembre :
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